Fonds de secours Covid-19 pour l’Inde – Une crise qui ne connaît pas de frontières
Résumé de l’évènement Myriad Canada sur les mesures d’urgence liées à la COVID-19 en Inde
Le 11 juin 2021, la Fondation Myriad Canada, en association avec une coalition canado-indienne menée par Narinder Dhami, s’est réunie virtuellement avec des organisations humanitaires au Canada, en Inde et à l’échelle internationale pour discuter de la situation catastrophique liée à la COVID-19 en Inde et des opérations de secours d’initiative canadienne. La discussion s’est articulée autour de trois axes : la situation en Inde et ses répercussions sur la communauté sud-asiatique du Canada, les actions menées par les organisations soutenues par le Fonds de secours COVID-19 pour l’Inde et le rôle que peuvent jouer le gouvernement et le peuple canadiens à l’appui de ces efforts.
Rita Trichur, journaliste canadienne d’origine indienne et chroniqueuse pour The Globe and Mail, a dirigé le débat. Elle est l’auteure d’un article traitant de l’impact de la crise de la COVID-19 sur l’Inde et les Indo-Canadiens.
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Réaction de la diaspora
Narinder Dhami, partenaire de gestion à Marigold Capital, a déclaré à titre liminaire : « L’année écoulée a présenté de nombreux défis, non seulement au Canada, en Inde, mais dans le monde entier ». Si l’Inde se targuait, dans un premier temps, d’avoir limité l’impact de la pandémie, la deuxième vague a toutefois occasionné une flambée épidémique dans le pays. À ce jour, la COVID-19 y a fait plus de 383 000 victimes au total et a poussé le système de soins de santé au point de rupture.
Pour les Indo-Canadiens, au-delà de cette statistique glaçante, ces chiffres traduisent un deuil douloureux des personnes décédées des suites de la COVID-19, un deuil profondément ressenti par les communautés sud-asiatiques du Canada. « Au Canada, chaque ressortissant sud-asiatique est, tout comme moi, aux prises avec deux pandémies : une à domicile et une à des dizaines de milliers de kilomètres », explique Sabina Vohra-Miller, philanthrope et membre de la coalition du Fonds de secours COVID-19 pour l’Inde. « Chaque jour ou presque, nous apprenons qu’un proche est malade ou décédé de la COVID ».
Selon la sénatrice canadienne Ratna Omidvar, les personnes issues de la diaspora indienne au Canada, au nombre de 1,37 million, forment « une base solide permettant d’accroître l’aide en faveur de l’Inde ». Les intervenants ont fait valoir que la crise qui touche l’Inde nous concerne tous et que nous devons chercher des solutions collectivement. « La distance qui nous sépare n’est qu’illusoire ; nous rencontrons tous les mêmes écueils », a résumé Rahul Singh de GlobalMedic.
Unir nos forces pour maximiser notre impact
En réponse à l’appel à l’aide lancé par l’Inde, une coalition formée par Narinder Dhami et des dirigeants canadiens a vu le jour avant de s’associer, en avril, à Myriad Canada : le Fonds de secours COVID-19 pour l’Inde était né. Mme Dhami précise : « Le Fonds a comblé certaines des difficultés que nombre d’entre nous rencontrions en ce qui concerne la multitude de possibilités d’aider l’Inde : il s’agit de démêler la situation politique et de comprendre comment faire un don de manière à maximiser l’impact de cette contribution ».
La générosité des Canadiens a permis au Fonds de collecter 550 000 $ et des millions de masques. « Un brillant témoignage du partenariat qui lie nos deux pays », n’a pas manqué de remarquer Narinder Dhami. Selon le directeur exécutif de Myriad Canada, Benoit Fontaine, la coopération sur le terrain s’est révélée essentielle pour cibler les organisations générant le plus d’impact à moindres coûts de gestion, limitant ainsi les frais généraux à 3 % de la somme récoltée.
Dernières nouvelles de la situation sur le terrain
Les organisations partenaires du Fonds, qui apportent une réponse urgente et vitale aux besoins pressants sur le terrain en Inde, ont eu l’occasion de partager les dernières nouvelles concernant la situation :
Khalsa Aid International est une association d’aide humanitaire établie au Royaume-Uni, disposant d’un bureau canadien qui soutient les victimes de catastrophes d’origine naturelle et humaine dans le monde entier. Le directeur nationale, Jindi Singh, a décrit les opérations en cours dans le nord-ouest du pays, où l’organisation met des concentrateurs d’oxygène à la disposition des patients et fournit des ventilateurs et des équipements de protection individuelle (EPI) aux hôpitaux. Singh s’est montré inquiet quant à l’impact potentiel d’une troisième vague, alors que la campagne de vaccination avance au ralenti en Inde.
GlobalMedic est une organisation canadienne qui fournit une aide humanitaire vitale dans le monde entier. Son directeur exécutif, Rahul Singh, a décrit les efforts déployés par l’organisation pour protéger le personnel soignant en mettant à sa disposition des EPI, ainsi que des concentrateurs d’oxygène et des outils de diagnostic pour endiguer la saturation du système de santé.
Goonj s’efforce de combler les lacunes fondamentales en matière d’infrastructure rurale, de gestion de l’eau, d’environnement, de moyens de subsistance, d’éducation, de santé, d’aide humanitaire et de reconstruction. Son fondateur, Anshu Gupta, a décrit les actions entreprises dans les 27 États de l’Inde et dressé le bilan d’une crise exacerbée par les déplacements et migrations à l’intérieur du pays, la famine endémique et les cyclones aux conséquences désastreuses. Goonj a concentré ses efforts sur l’approvisionnement en nourriture à grande échelle, particulièrement dans les zones rurales, et sur le soutien aux communautés marginalisées durement frappées par la crise.
SNEHA travaille auprès de femmes et d’enfants en situation de vulnérabilité dans sept bidonvilles à Mumbai, dans le but de briser le cercle intergénérationnel de la précarité sanitaire. Vanessa D’Souza, PDG, a fait part des difficultés que rencontre l’organisation pour poursuivre la fourniture des services de santé, ainsi que pour fournir des informations sur la COVID-19 et faire face à la résurgence de la faim et des violences intrafamiliales pendant le confinement. L’insécurité alimentaire est un enjeu majeur et il est urgent de vacciner les communautés vulnérables.
Une vision collaborative
Si l’Inde est l’un des principaux contributeurs au mécanisme de répartition des vaccins Covax, dont a bénéficié le Canada, sa propre campagne de vaccination a pris un retard considérable. « Assurer un accès équitable au vaccin dans le monde entier garantit la protection de tous », a déclaré Sabina Vohra-Miller, qui, à l’instar de la sénatrice Ratna Omidvar, s’est exprimée en faveur de la renonciation aux brevets sur les vaccins et de la contribution du Canada au mécanisme Covax.
Les intervenants se sont accordés à dire que la crise était l’occasion de renforcer la collaboration entre l’Inde et le Canada à bien des égards, notamment par la mise en commun de l’expertise industrielle de l’Inde en matière de vaccins et de l’expérience du Canada en ce qui concerne la couverture sanitaire universelle. En outre, le gouvernement canadien doit optimiser ses campagnes d’aide internationale en cherchant à privilégier l’efficacité et en soutenant notamment les petites organisations locales, plus flexibles et plus transparentes.
« Ce n’est qu’ensemble que nous remporterons cette bataille ; la seule façon d’aider l’Inde est d’acheminer les fonds et les ressources vers les groupes qui font partie de la solution », a expliqué Jindi Singh. Narinder Dhami a conclu en ces termes : « C’est l’essence même de notre collaboration : notre examen rigoureux nous permet d’accorder notre confiance et de soutenir sans réserve ces organisations qui ont une incidence considérable sur le terrain. »