Réinventons le monde de demain par Hilary Pearson
En tant que présidente fondatrice de Fondations Philanthropiques Canada pendant près de dix-huit ans, Hilary a travaillé avec plusieurs des plus grandes fondations caritatives privées du pays. Elle est membre du conseil d’administration de Myriad Canada et coprésidente du comité consultatif sur le secteur caritatif, conseillant le gouvernement fédéral sur les questions de politique et de réglementation. Auteure de nombreux articles et critiques sur la philanthropie des fondations, Hilary Pearson écrit ce qui suit dans son blog.
Il y a un an, vers la fin du mois d’avril 2020, l’association Fondations philanthropiques Canada a organisé une discussion sur la philanthropie canadienne et son engagement envers un monde en proie à une pandémie galopante. Les personnes qui ont participé à cette conversation avaient une vision tournée vers l’avenir. Même si la peur nous poussait à nous replier sur nous‑mêmes, à penser localement, nous voulions aller de l’avant et discuter de la possibilité qu’a notre pays de réinventer et de reconstruire nos propres collectivités et la communauté mondiale.
Il était déjà évident à ce moment-là que cette pandémie n’était pas qu’une crise sanitaire, mais bien une crise aggravée par les inégalités. Il était évident que les faiblesses et les lacunes du système de santé mondial allaient s’accentuer : l’accès à l’eau, l’hygiène, la sécurité alimentaire, la santé et l’éducation des enfants, la discrimination et la violence à l’égard des femmes et des filles. Il était tout aussi évident que le Brésil, le Bangladesh, ou encore l’Afrique du Sud ne seraient pas en mesure de lutter efficacement contre ce virus et que ce dernier continuerait de représenter un danger dans le monde entier.
Plus que jamais, nous avons et nous continuerons d’avoir besoin d’un système de santé mondial solide. Le travail de l’Organisation Mondiale de la Santé est capital – la collecte et l’échange de données au niveau mondial, les orientations à l’échelle mondiale, la coordination de l’offre et de la formation des travailleurs de la santé, la coordination de la recherche mondiale et la mise au point d’agents thérapeutiques et de vaccins contre la COVID‑19. En réalité, toute la famille des organisations multilatérales du système des Nations Unies, comme l’OMS, UNICEF et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, est essentielle à la résistance mondiale (notamment la résistance face aux crises provoquées par le changement climatique, des migrations forcées aux nouvelles pandémies).
Nous devons affronter des transitions considérables. Comment pouvons-nous, en tant que bailleurs de fonds, contribuer à faciliter ces transitions pour les personnes les plus vulnérables qui vivent à côté de nous et à l’autre bout du monde ? Au milieu du siècle dernier, bon nombre des organisations multilatérales dont le monde dépend aujourd’hui ont été créées grâce à l’imagination et aux impulsions de Canadiens. Particuliers et organisations de la société civile ont aujourd’hui la possibilité de jouer un rôle direct dans le maintien de ce réseau mondial. Les fondations disposent effectivement de ressources. Nous pouvons financer des initiatives en ce sens. Une façon de procéder à l’échelle mondiale est de soutenir le Fonds de solidarité pour la riposte à la COVID‑19 de l’OMS (voir ci-dessous pour de plus amples informations). Mais prenons aussi le temps de réfléchir aux questions de transition, d’adaptation, de résilience et de créativité dans les années 2020 pour notre pays et de défendre l’idée d’un système mondial efficace qui nous permettra de mieux faire face à de nouvelles crises.
Dans un article récent sur le monde d’après, Darren Walker de la Fondation Ford pose cette question : « si la pandémie a fait ressortir un réseau mondial de réciprocité, comment pouvons‑nous mieux aider les dirigeants sur le terrain, créer des liens au-delà des pays et des continents, et reconstruire le monde de manière multilatérale ? » Il résume parfaitement quelle sera notre tâche collective (avec l’aide de la philanthropie) dans le monde de demain : « nous devons réformer nos systèmes et nos structures et réinventer ce qui est possible avec l’appui de nos partenaires du monde entier, en tenant compte de leurs meilleures idées. Aide, récupération, réforme, réinvention – cette voie est celle qui nous mènera à de jours meilleurs. » L’année qui vient de s’écouler nous révèle la vérité.
La Fondation de l’OMS et le Fonds de solidarité
Il y a un an, en mars 2020, l’OMS a créé le Fonds de solidarité pour la riposte à la COVID‑19 afin de répondre à l’élan de solidarité inédit de nombreux particuliers et entreprises pour aider l’OMS dans la lutte contre la COVID‑19. Dirigé par la Fondation de l’OMS, organisme indépendant d’octroi de subventions fondé en 2020, ce fonds a été conçu comme une plateforme innovante pour permettre à des sociétés privées, au grand public et à d’autres organisations de contribuer directement aux efforts entrepris au niveau mondial pour prévenir, détecter et combattre la COVID‑19 aux quatre coins du monde. Les fondations canadiennes peuvent accorder des subventions légales au Fonds de solidarité grâce à la Fondation KBF Canada. Le Fonds a amassé et déboursé pas moins de 242 millions d’USD en provenance de plus de 661 000 donateurs. Le travail effectué en 2021 repose sur les progrès réalisés en 2020 et continue de soutenir les efforts des pays pour éliminer la transmission de la COVID‑19, diminuer l’exposition au virus, lutter contre la propagande et la désinformation, protéger les personnes vulnérables, réduire les taux de mortalité et de morbidité et promouvoir un accès plus équitable aux services de diagnostic et de vaccination pour tous. Les donateurs peuvent désormais accéder à la santé mondiale et l’enrichir comme jamais auparavant.